" Et ça, ça se met où ?" : Quand une vendeuse de sex-shop à Pigalle raconte ses souvenirs.

LIVRE - Marie Dampoigne a été vendeuse dans un sex-shop à Pigalle. Dans un livre à paraître le 11 mai, elle raconte son quotidien, ses clients surprenants, les habitués, les occasionnels, les célébrités ou même... des amis surpris de la croiser.

Longtemps, Marie a été vendeuse. Oui, mais... dans un sex-shop. Boulot pas banal, qu’elle a exercé le soir, en sortant de ses journées d’étudiante en histoire de l’art. Marie a postulé dans cette boutique de Pigalle d’abord pour raisons financières. Et puis aussi un peu par curiosité. Car l’exploration des rayonnages et de la faune qui y sévit relève presque de la sociologie. Habitués, clients surprenants, célébrités, anciens collègues... La jeune femme a tiré de cette double vie un livre, Et ça, ça se met où ?, mémoires d’une vendeuse de sex-shop, qui sort le 11 mai.


Marie parle, d’abord, des clients. Fascinants. Ils ont tous les âges, viennent de tous horizons. Habitués, ou néophytes, souvent un air gêné, à l’entrée. Nerveux, un peu honteux. Marie note ce "dédouanage intempestif", une pratique "presque obligatoire pour la plupart des clients". Ils viennent, disent-ils, mais "juste pour regarder". Plusieurs catégories.


Il y a, d'abord, celle des "courageux mais pas téméraires" : "Ils sollicitent les vendeurs mais restent très vagues sur leur recherche précise, initiant un jeu de questions interminables", décrit Marie. "C’est une catégorie très féminine" et s’applique "le plus souvent aux films pornographiques". Elle se souvient ainsi de cette femme qui tournait en rond dans le rayon DVD. "Alors que je me dirige vers elle, elle semble paniquée et se justifie immédiatement : 'C’est pas pour moi, c’est pour la belle-sœur de ma voisine !'" Marie la vendeuse est habituée au subterfuge. "Je fais comme si de rien n’était et tente de l’orienter du mieux que je peux", raconte-t-elle. Mais... "La précision de sa recherche et les pépites dans ses yeux la trahissent." La femme a fini par repartir, avec son butin, soulagée.


Il y a aussi les menteurs récurrents, grillés surtout quand ils sont des réguliers. Comme cet acteur français, à qui Marie vend à plusieurs reprises du matériel BDSM (bondage, discipline, Sado-masochisme). "A chaque fois, il me ressort perpétuellement le même bobard : 'C’est pour un tournage'". Sauf que Marie adore le cinéma. Et quand elle lui demande des détails sur ce nouveau film si stimulant, "il bafouille, bégaie, change de sujet : grillé".


Il y a encore les clients qui nient l’évidence. "Cette catégorie est presque uniquement peuplée d’hommes, généralement intéressés par le plaisir anal, mais soucieux d’affirmer leur virilité à la personne qui les conseille", analyse la vendeuse. Elle s’approche comme ça, un jour, d’un client plongé dans le rayon des stimulateurs prostatiques. "Mon arrivée suscite chez lui un sursaut nerveux, il rattrape de justesse le jouet qu’il tient à la main", raconte Marie. "Je lui propose des renseignements sur l’article qu’il a choisi et qu’il s’empresse de ranger à sa place en disant 'Non, non, je ne suis pas un pédé'. "La vendeuse "tente de lui faire comprendre que l’orientation sexuelle n’a rien à voir avec les désirs de chacun", mais l'homme opine vaguement, change de rayon. Non décidément, ce n'est pas pour lui. Il va plus loin acheter quelques babioles, dans un autre coin. Histoire de faire un peu diversion. Car il retourne rapidement vers le rayon dédié à la prostate, "attrape sa proie de silicone et détale comme un lièvre vers la caisse", raconte Marie.



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