Ces femmes sont souvent d'anciennes prostituées ou qui se prostituent parfois encore pour leur compte

BRUXELLES En France, l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains attribuait l'an dernier 39% des affaires de proxénétisme à des femmes contre 24% en 2000, d'après le journal français Le Figaro. La tendance est européenne, selon la police fédérale belge. Pour l'association Pag-Asa, établie à Bruxelles et qui soutient les victimes de traite des êtres humains exploités sexuellement, le phénomène existe mais n'est pas neuf d'après les témoignages qu'elle récolte. De 2006 à 2009, les dossiers ouverts pour exploitation sexuelle au service "traite des êtres humains" de la police fédérale visaient 212 femmes pour 605 hommes. Les proxénètes femmes représentaient donc 26% des dossiers. Ce pourcentage évolue à la hausse ces dernières années, selon la police fédérale, qui parle de phénomène européen. Les femmes occupent davantage de tâches au sein de réseaux et même la tête d'organisations dans certains milieux, notamment nigérians.

Il existe en effet des disparités en fonction des nationalités. Ainsi, dans le milieu de la prostitution nigériane, plus de 90% des auteurs d'exploitation sexuelle sont des femmes, selon la police fédérale. Ce constat est réalisé également par l'association Pag-Asa. Les auteurs d'exploitation sexuelle de filles chinoises ou thaïlandaises sont majoritairement également des femmes, selon la police.

L'implication de femmes dans l'organisation de la prostitution rend la tâche des policiers plus difficile, admet la police fédérale, qui précise toutefois qu'il existe suffisamment de signaux pour entamer des poursuites à leur encontre.

Ces femmes, souvent d'anciennes prostituées ou qui se prostituent parfois encore pour leur compte, participent au recrutement des filles, parvenant plus facilement à les convaincre en exhibant par exemple leur richesse; les accompagnent durant le voyage, passant plus inaperçues que des proxénètes hommes aux yeux de la police; les contrôlent dans le pays "hôte"; et pour certaines récoltent même l'argent. Une large majorité des organisations exploitant sexuellement des prostituées ne sont composées que de quelques personnes, "4 ou 5", précise la police fédérale.

Celle-ci constate que la violence exercée à l'encontre des victimes a tendance parallèlement à diminuer. La pression est davantage psychologique. Les filles sont rémunérées, ne rétrocédant "plus" qu'une partie de leur gain. Elles bénéficient même parfois de cadeaux ou d'aide. Les proxénètes préfèrent avoir recours aux menaces qu'à la violence directe, jouant davantage avec les sentiments, explique encore la police.

Pag-Asa constate également une diminution de la violence envers les prostituées et même une diminution du nombre de plaintes. La violence n'a toutefois disparu, notamment dans les milieux albanais ou roumain. De plus en plus de victimes poursuivent leurs activités dans la prostitution mais à leur compte, observe Pag-Asa.

LIEN DHNET.BE