Parlant de "nature" des femmes. Me jette la première pierre celle qui n'a jamais entendu le prétexte de "la nature DES femmes" en début, pendant ou après une première rencontre, afin de ne pas payer notre temps de travail.
L'immense différence entre les rôles sociaux des hommes et des femmes est que ceux des hommes sont profondément valorisés et enviables. On éduque les garçons à être compétitifs, à être raisonnablement agressifs, qualités nécessaires pour être un homme et pour réussir dans la vie (et non pour réussir sa vie d'homme). Une femme réussit sa vie de femme, un homme réussit sa vie.
Les femmes sont éduquées à être douces, sensibles, maternelles et à s'occuper des autres (de moins en moins, faut savoir apprécier les progrès aussi). Ces qualités ne sont pas valorisées bien au contraire mais elles restent indissociables de ce que doit être et faire une femme (injonctions sociétales bonjour).
Pire, on part du principe que le rôle d'une pute ne s'apprend pas. Il serait inné, viendrait des gènes ou des hormones, de l'instinct ou des tripes ou d'un vice typiquement féminin, mais il ne nécessiterait aucune compétence, aucun savoir-faire, aucune acquisition de compétence. D'ailleurs combien de femmes, jeunes ou moins jeunes se lancent aveuglément en se disant "bah, je vais faire comme quand je baise avec des mecs koi", c'est pareil. Jusqu'au jour où la réalité les rattrapent. Ceci dit à force de travail, d'analyse et de réflexions, cette réalité peut être tantôt satisfaisante, tantôt captivante, comme elle peut devenir un calvaire.
Pute, on l'a en soi, paraît-il. Nous sommes toutes des putes par nature, sauf que certaines ne le savent pas C'est un fonctionnement assez pervers; cela permet de ne jamais complimenter celles qui ont su apprendre et travaillé pour y arriver et perdurer, et d'humilier celles qui ont des difficultés en remettant en cause non seulement leur faculté à faire l'escorte mais leur être tout entier; faut-il être une femme ratée pour ne pas savoir "s'occuper" d'un homme ! Beaucoup de femmes se sentent démunies quand elles débutent dans cette activité, mais elles n'ont pas le sentiment que c'est là quelque chose de tout à fait normal, comme on serait tous et toutes perdu devant une toute nouvelle tâche à accomplir, de plus aussi stigmatisée et décriée. Elles se remettent en cause, puis collectent des informations, se forment, apprennent par des livres, internet, auprès d'autres escortes, à force de pratiques, d'essais et erreurs. Mais je constate qu'elles n'ont souvent pas l'impression d'être en train d'apprendre et d'acquérir une nouvelle compétence comme on apprendrait une langue étrangère, non elles rattrapent un manque, quelque chose qui leur a fait défaut, ce fameux don qui ne leur a pas été donné; l'instinct, le feeling, la nature de la pute, kif-kif avec le soi-disant instinct d'une mère
Cette naturalité des femmes qui leur fait posséder des savoirs par instinct et non par formation ou par apprentissage. Cette croyance sexiste permettant de considérer qu'il n'est nul besoin d'estimer que vous avez une formation qualifiante à force de travail sur le terrain (oh combien condamné par certains clients et nos sociétés) et de vous payer en conséquence puisque vous ne faites qu'après tout exploiter des dons naturels.
Enfin, l'intuition, le "feeling" (si spécifiquement "féminin") classe les femmes comme l'expression des mouvements d'une pure matière. D'après cette notion, les femmes savent ce qu'elles savent sans raisons... Les femmes n'ont pas à comprendre, puisqu'elles savent... Et ce qu'elles savent elles y parviennent sans comprendre et sans mettre en oeuvre la raison: ce savoir est chez elles une propriété directe de la matière dont elles sont faites...
À partir de là, les choses sont simples; le temps consacré à la rencontre ne compte pas, après tout les femmes sont bonnes "pour ça" et se devraient de savoir "faire ça", les heures, les jours, les années passées à interpréter, analyser, gérer le pourquoi cet homme fait ci ou ça, pourquoi il dit ci ou ça, pourquoi il demande ça, pourquoi il ne demande pas etc., ne comptent pas. Après tout leur instinct, leur feeling, leur "humeur" de femme va leur donner la bonne réponse et si elles ne l'ont pas c'est que quelque chose chez elle ne va pas.
Voilà voilà. Point positif, c'est que ça change, si si, tranquillement, certes.
Bonne fin de weekend à toutes !