«Stéphanie» a dansé et a offert son corps pour nombre d’hommes dans sa vie. Après avoir travaillé 14 ans comme danseuse nue et escorte, elle lève le voile sur son passé et présentera son «Manifeste pour un monde sans prostitution» à Montréal ce week-end.
Contactée par téléphone jeudi, la femme de 36 ans, qui préfère garder l’anonymat, dit avoir quitté le milieu il y a environ deux ans, après avoir cumulé dépressions et tentatives de suicide.
Cette dernière explique qu’elle a écrit le manifeste, qui sera dévoilé lors du Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle à l’UQAM, à la suite d’une décision de la Cour supérieure de l’Ontario qui l’a profondément troublée.
Le 29 septembre, la Cour a invalidé trois lois antiprostitution: l’interdiction de tenue d’une maison de débauche, l’interdiction de vivre des revenus de la prostitution et l’interdiction de faire de la sollicitation pour offrir ses services sexuels contre de l’argent.
Cette décision, qui pourrait être éventuellement appliquée à l’échelle du pays par la Cour suprême, a été, pour elle, une raison de dénoncer la «normalisation des abus sexuels».
«Ce n’est pas vrai de dire que ces femmes le font par choix. Il y a toujours des circonstances. La raison principale, c’est l’argent. Je n’en connais pas une qui le fait pour le plaisir sexuel», a-t-elle insisté.
Danser «seulement un an»
À l’âge de 21 ans, Stéphanie, qui faisait ses études littéraires à l’UQAM, a opté pour les tenues légères et le poteau.
«J’étais très pudique, gênée même. Je me suis dit que j’allais faire ça seulement un an», a-t-elle assuré.
Cependant, son expérience de travail a duré plus longtemps que prévu. «Je buvais beaucoup, je consommais. J’avais besoin d’argent», a-t-elle ajouté.
Les deux dernières années de son aventure, Stéphanie a fini par céder aux avances de ses clients. «Je me faisais demander des faveurs à répétition par les mêmes hommes, donc je me suis rendue dans des chambres d’hôtel», a dit Stéphanie.
Même si c’était plus payant de passer ses soirées à se faire «tripoter pour une centaine de dollars à chaque fois», les idées noires l’ont rattrapée.
«Je pouvais me faire tirer les cheveux, recevoir des claques et me faire dire toute sorte de choses dégradantes», se souvient-elle.
Être entendue
Cette dernière, qui admet avoir été «valorisée par son corps» pendant toutes ces années, espère éveiller les consciences et «être entendue» avec son manifeste.
«Il y des filles qui n’ont pas de secondaire 5 et qui pensent que ça pourrait être cool de se prostituer», a-t-elle dit.
De plus, si la décision de l’Ontario d’invalider les lois antiprostitution se rend jusqu’au Québec, Stéphanie assure qu’«il ne sera pas plus sécuritaire pour ces femmes de travailler, parce qu’elles ne pourront pas toutes être engagées dans les bordels».
Stéphanie souhaite donc unir sa parole à celle de milliers de femmes de l’industrie du sexe afin de cesser «l’inégalité perpétuelle des femmes».
source: http://fr.canoe.ca/infos/societe/arc...17-212810.html
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