Excellent article Chere Danitza, je rale d'avoir louper sa
Par contre ,grace a toi j'ai pu le lire...
Merci merci
Excellent article Chere Danitza, je rale d'avoir louper sa
Par contre ,grace a toi j'ai pu le lire...
Merci merci
Article paru ce jeudi dans Ubu-Pan:
UN BEAU BORDEL A LIEGE
Un Eros Center à Liège ? On en (re)parle. Sans tabou, ni caricature. Notamment grâce à Pascal Vrebos, qui a organisé l’un des meilleurs débats qui ait jamais eu lieu sur la prostitution.
A Ubu-Pan, nous aimons jeter un peu partout du poil à gratter. Mais nous ne sommes pas que des emmerdeurs. Il nous arrive d’avoir envie de distribuer, non pas des bonnets d’âne, mais des fleurs. Nous vous avons longuement relaté la réflexion en cours, à Liège, sur la possible ouverture, dans un délai de deux ans, d’un Eros Center (voir Ubu-Pan du 27 janvier). Dans son émission Controverse (RTL-TVi) de ce dimanche, Pascal Vrebos a rallumé les néons rouges. Au départ du cas liégeois, il a posé les questions que (presque) tout le monde se pose à propos du « plus vieux métier du monde ». Et notamment celle-ci : faut-il cesser d’être hypocrite et enjoindre les pouvoirs publics d’encadrer la prostitution, pour améliorer les conditions de travail de ceux et de celles qui la pratiquent ?
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Trop souvent, les débats sur la prostitution sont débilitants. Sur le plateau, les puritains et les libertins s’invectivent. Les responsables politiques manient la langue de bois. L’animateur de service cherche à faire pleurer dans les chaumières, en donnant la parole à une « pauvre fille victime de ce monde impitoyable qu’est la prostitution ». Le résultat est généralement cacophonique et dégoulinant de bonne conscience. Loin de tout sensationnalisme et de tout misérabilisme, Pascal Vrebos a évité ces écueils. Le journaliste et ses invités n’ont pas seulement été brillants. Ils ont aussi fait avancer le débat. Ce qui est assez rare que pour être souligné.
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Le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer (PS), n’a pas fui ses responsabilités. N’en déplaise à ceux qui rêvent d’une « société idyllique sans prostitution », a-t-il expliqué, « il existe un marché du sexe et le pouvoir politique doit gérer la réalité. Il ne peut pas laisser s’installer des mafias ». L’Eros Center doit être « un endroit sécurisé pour ceux qui pratiquent la prostitution. A Liège, nous voulons aller vers plus de respect ». Un bon point pour le bourgmestre, qui ne craint pas de prendre à rebrousse poils la fraction puritaine de son électorat (très présente, à gauche, et pas seulement chez les archéo-féministes qui ne perçoivent les rapports hommes-femmes qu’à travers le prisme de la domination des affreux mâles sur les fragiles femelles). Pas d’angélisme, Willy Demeyer n’est pas un Saint. Il a le grand tort d’avoir fait fermer, il y a deux ans, les salons de prostitution du quartier Cathédrale, en plein cœur de Liège, sans prévoir une solution de remplacement immédiate pour les travailleuses du sexe qui y bossaient. Celles-ci se sont retrouvées à la rue, où s’entassent dans des conditions peu enviables dans les salons de la rue Marnix, à Seraing, où le bourgmestre, Alain Mathot, envisage lui aussi l’ouverture prochaine d’un Eros Center. En défendant son projet d’Eros Center, pas nécessairement la solution idéale, mais sans doute la plus pragmatique, Willy Demeyer tente, sans mauvais jeu de mots, de se racheter une virginité. Dont acte. Lui au moins, ne fait pas partie de cette gauche dite « morale » qui prétend réguler le capitalisme mais refuse de réguler le marché du sexe, sous prétexte que celui-ci est « sale » par nature et devrait être anéanti.
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En invitant Sonia, travailleuse du sexe pendant 35 ans et terminant actuellement des études d’anthropologie, Pascal Vrebos n’a pas privilégié le camp des pleureuses. Encore moins celui des experts en audimat qui pensent que seuls des témoignages larmoyants sur la prostitution peuvent permettre d’arracher aux concurrents des parts du marché télévisuel. « Il existe énormément de caricatures à propos de la prostitution, selon Sonia. Certains confondent tout. La traite des êtres humains, ce n’est pas de la prostitution, mais de l’esclavage. A côté de cela, il existe bien sûr des prostituées qui ne sont pas de pauvres petites victimes, mais qui sont libres, comme moi. J’ai toujours été une petite artisane. Je préfère travailler dans mon « salon », hors d’une grosse structure, comme l’Eros Center, mais c’est un choix personnel. D’autres filles préfèrent être dans une structure, ou travailler en rue ».
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Le témoignage de Sonia est profondément humain et casse bien des stéréotypes sur le sexe tarifé. « Beaucoup de gens ont une image fausse de ce qu’est une passe. Ce n’est pas le client qui a le pouvoir. Si elle travaille dans de bonnes conditions, le pouvoir, c’est la femme qui le détient ». Au fait, qui est-il, ce fameux client (dommage, d’ailleurs, qu’il n’y en ait pas eu sur le plateau) ? « C’est Monsieur tout le monde, répond Sonia. Il ne vient pas toujours pour le sexe. J’ai de la tendresse pour mes clients. Nous, les prostituées libres, nous sommes des assistantes sociales, le sperme en plus ».
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Grégoire Thery, secrétaire général du Nid, un mouvement abolitionniste, est sur la même ligne que Pierrette Pape, représentante du Lobby Européen des Femmes. Il dénonce « la domination par l’argent, dans la prostitution, qui permet à l’homme d’imposer ses volontés ». Les deux intervenants abolitionnistes, fustigent « le sexe marchand ». Réplique de Sonia : « Si on ne peut pas monnayer son sexe, qu’on interdise le mariage, car de quoi parle-t-on, dans le contrat de mariage ? De sexe et d’argent ! ». L’anthropologue Chris Paulis s’étonne que certaines féministes trouvent « normal de payer un service intellectuel, mais pas normal de payer un service sexuel ». Elle insiste sur le fait qu’ « il existe divers mouvements féministes, dont certains ne nient pas l’évidence, à savoir qu’il existe beaucoup de prostituées libres ». Pour Chris Paulis, « il y a de plus en plus de femmes qui demandent des escort boys, qui cherchent des hommes dans les boîtes… Certaines féministes ont tort de tout ramener à une question de domination sexuelle hommes-femmes». D’ailleurs, a rappelé Michèle Villain, présidente de l’asbl Isatis, qui pilotera le projet d’Eros Center, « il existe évidemment aussi des hommes qui se prostituent et il y aura des travestis dans l’Eros Center liégeois ».
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Remarquable, également la prestation du commissaire liégeois Bernard Frédérik. Pour ce policier chargé de la Brigade des Mœurs, « la prostitution, quand elle est libre, n’est jamais qu’une relation de personne à personne. Il est positif de permettre que cette relation se réalise dans des conditions optimales ». Au passage, Bernard Frédérik égratigne le soi-disant « modèle suédois », qui interdit la prostitution et criminalise le client. « J’ai parlé récemment avec des collègues suédois. Ils m’ont dit que, chez eux, c’est tout sauf idyllique ». Notamment parce que la prostitution est devenue clandestine, ce qui va de pair avec une dégradation des conditions de vie des travailleuses du sexe.
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Liège, une ville bientôt avant-gardiste en Belgique francophone, avec son futur Eros Center ? « Le projet sera présenté avant la fin juin au conseil communal », précise Willy Demeyer. La Cité ardente aura-t-elle, bientôt, un beau bordel ? C’est souhaitable. Ce qui l’est encore davantage, c’est que les travailleurs du sexe aient, enfin, de vrais droits. Comme tous les autres travailleurs.
Claude Demelenne
Pour ceux que ca intéresse: Ce dimanche 17 avril 2011 à partir de 11h55 l'émission "Controverse" sur la chaine belge RTL-TVi portera sur la question de savoir s'il faut légaliser la prostitution (je suppose que le débat lancé - certes en direction de la pénalisation - a attéri en Belgique maintenant).
Les invités seront:
# Willy Demeyer : Bourgmestre de Liège — PS
# Grégoire Thery : Secrétaire général du Mouvement du Nid — France
# Michèle Villain : Présidente de l'ASBL Isatis et de l'ASBL Icar
# Pierrette Pape : Chargée de politique au Lobby Européen des Femmes
# Bernard Frédérik : Commissaire de la Brigade des Mœurs de Liège
# Chris Paulis : Docteur en anthropologie et anthropologue de la sexualité
# Sonia Verstappen : Ex-travailleuse du sexe et étudiante en anthropologie
# Paul Merckx : Directeur d'une Maison de Repos CPAS – Waterloo
# Ariane : Témoin
# Vincent : Témoin
Comme toujours, les téléspectateurs pourront faire part de leurs expériences ou de leur avis pendant l'émission par SMS, e-Mail etc.
Lien de l'émission: http://www.rtl.be/info/magazinesdela...tution-legale-