Posté par etchienne
Une oursonne me disait qu'avec l'âge (après 45 ans) certains hommes commençaient à sentirSentir voulant dire odeur désagréable, indépendante de l'hygiène corporelle.
Perso, c'est la toute la première fois que j'entends ce genre de truc ! Avez vous déjà rencontré ce phénomène ? L'alimentation peut elle changer qq choses comme elle change, parait il, le gout du sperme ?
Navrée, mais je ne comprends effectivement pas l'interpellation initiale, du gentil conducteur de la voiture de Starsky & Hutch, comme l'ont interprétée celle et ceux qui lui ont majoritairement répondu jusqu'à présent.
La formule "indépendamment de l'hygiène" (reprise en substance) me renvoie à autre chose, que j'appellerais pour la circonstance "l'identité olfactive de l'autre", de son corps, celle-là même qui nous distingue singulièrement les un(e)s les autres, au point que le même parfum ne rend jamais la même fragrance selon la personne qui le porte.
Avec le contact de la peau, son rendu à s'y tenir tout près, tout contre, on tient là quelque chose d'essentiel ...et d'aussi alchimique entre deux êtres que ces choses-là peuvent tout autant s'avérer aléatoires, répulsives et cruelles. C'est tout l'un tout l'autre.
On peut en causer plus librement en section générale sur la sexualité, qu'en forum 'prostitution'. Lors d'un rendez-vous tarifé, on cherche évidemment à évacuer la question par le petit cérémonial de la douche avant et après : on savonne, on frotte, on récure, on dégraisse, on fait briller, on neutralise, on aseptise à l'hygiène brutale ...bref, on s'épargne (mutuellement) l'écueil de la "vraie" présence de l'autre, avec tout ce qu'elle peut précisément comporter d'altérité encombrante, et pouvant gêner les élans spontanés qu'il faut bien avoir envers celui qui a payé (ou envers celle qu'on a payée).
Mais hors ce champ-là, il en est autrement. Et la signature olfactive du partenaire peut même atteindre une importance plus décisive encore que celle de la beauté physique.
Quelle femme n'aime pas garder sur elle et sentir, quelques heures après les plaisirs, la trace de ce que sentent les humeurs corporelles les plus intimes de celui avec lequel elle a partagé des ébats intenses ?
Combien d'hommes ne se lavent surtout pas les mains pour garder au bout de leurs doigts l'odeur de cette intimité nouvelle qu'ils ont explorée ?
Laquelle d'entre nous n'a pas fui, une fois dans sa vie, le corps du chouette mec avec lequel la soirée fut pourtant délicieuse ou couru aussi vite après celui du connard dont la compagnie lui est pourtant désagréable ?
Initialement et avant que ce fil plus précis ne soit ouvert, je réservais ces mots pour un autre fil à rapprocher : 'quand on est excitée, moins de choses nous dégoûtent', celui-là ouvert par faux-timide (un vrai fou).
Effectivement une situation excitante peut emmener plus loin, mais cognera toujours, pour moi, la limite de cette alchimie avec le tout-près du corps de l'autre. Limite au-delà de laquelle, il faut désirer vraiment ce qui signale l'autre dans tout ce qu'il incarne, ... tout ce qu'il trimbale de choses qui lui sont propres (ou pas justement) au ras de la peau, au ras de muqueuses.
Avant même de songer aux ébats eux-mêmes et au tout-près du corps, chacun a fait l'expérience de toquer chez quelqu'un et de se "prendre", aussitôt la porte ouverte, l'odeur personnelle de celui ou celle qui habite là et nous reçoit.
Gamine, lorsqu'une copine ou une cousine, trop vite grandie, me refilait ses fringues, il fallait bien deux ou trois lessives pour faire disparaître, du vêtement en question, la signature olfactive particulière de celle qui l'avait porté avant moi et y avait laissé son empreinte. Alors seulement, cette fringue devenait vraiment mienne. Ce sont des exemples classiques et familiers ...
Et en effet, en vieillissant, la consistance de cette odeur (sans aucun rapport avec les "mauvaises odeurs") devient plus particulière encore. Aller voir sa Mémée Gabrielle ou sa Tata Odette permet naturellement d'en faire l'expérience dès l'ouverture de la porte de chez elle ... Jeune, on a le corps plus neutre, plus "plastique"; un corps qui a peu vécu, qui porte peu de traces, n'a que peu de mémoire et n'a pas vraiment d'histoire.
L'absorption d'alcool tient aussi son rôle, comme l'alimentation, la meilleure régulation de la sudation que la pratique sportive apporte, ou encore la pilosité.
Sacré revers de la médaille du tout-épilé(e) que veut la tendance d'ailleurs, en ce que l'épilation retentit pas mal sur la sécrétion des glandes sudoripares (et souvent de façon pas très heureuse).
Qu'elle est merveilleuse et obsédante, la découverte du monde et du corps de l'autre par ses odeurs. Patrick Suskind en a écrit des choses singulières bien connues et désormais classiques ... (et qui n'ont rien à voir avec Gaston qui pue ...qui pète ...qui prend son cul pour une trompette
Bref, si "je t'aime" est pour moi un mot d'escroc, "je t'ai dans la peau" est une parole de vérité du désir. Mais Cher Etchienne, je crois qu'en l'occurrence, ton oursonne voulait plutôt te dire qu'elle a quelqu'un dans le nez ....
