Plusieurs explications possibles :
elle est "avec" un loverboy (qu'elle croit), qui lui promet de lui faire arrêter ce travail "demain" "quand ils auront assez" "quand elle l'aura remboursé" donc jamais, ou jusqu'à ce qu'il l'ait remplacée par plus rentable.
elle n'a pas ou plus de loverboy : une fille un peu déterminée le vire en le menaçant de la redoutée police allemande. Mais son CV est vide, sa famille a l'habitude de recevoir de l'argent, ou elle est malade longue durée. Donc le retour en Roumanie ou le salaire est à la limite de la survie n'est pas une option. et le FKK avec ses revenus très irréguliers largement ponctionné par la direction est un piège.
elle a suffisamment gagné mais ne voit absolument pas comment se reconvertir
elle a vraiment une tuile au pays (enfant à éduquer ou soigner, parent malade, grosses réparations), c'est invérifiable et si on repose plusieurs fois la question en quelques jours la plupart se contredisent.
L'appartenance à un groupe de filles ne signe pas une mafia, c'est une question d'affinité et une solidarité nécessaire pour supporter le quotidien, se rencarder sur les clients, négocier les horaires ou l'usage du portable avec la Theke. Dans un même groupe de roumaines, je connaissais deux filles maquées par un même putois, une mature qui gagnait de quoi relancer son magasin vandalisé, et une parfaitement indépendante mais sans projet de vie, à 23 ans après 5 ans de prostitution.
On peut détecter si il y a un mac sans le demander, quand elle se confie un peu et parle par exemple de ses déplacements sans vouloir mentionner le moyen de locomotion.
Ou simplement quand elle n'a jamais le lendemain l'argent de la veille. Ou quand elle recherche plusieurs fois dans le mois de grosses sommes (le fameux "prêt pour l'appartement").
Pour aider un peu, on peut juste témoigner du respect, la faire parler de sa vie "avant", de ses projets "après", l'aider à se projeter hors de son quotidien. Ce qui peut aller éventuellement jusqu'à faire ceinture quand elle veut parler de trucs lourds et que vous ne voulez pas l'être, lourd. Parfois elle se met à envisager des changements radicaux, mais là il faut savoir à quoi vous vous engagez ou non. Et je ne parle absolument pas d'argent ou de vie commune, mais d'une plainte au pénal pour proxénétisme.
Pour aider une prostituée sous la contrainte, la loi allemande ne prévoit que la plainte directe de la fille elle-même à la police. Ce qui n'arrive jamais, par peur des représailles mélangée à la dépendance affective et à la conviction de ne pas avoir les compétences pour continuer seule ou se reconvertir; plus la méconnaissance de la loi et de la langue. Les flics allemands enragent, j'ai du remonter le moral de l'un d'eux que j'avais consulté. Mais parfois ils réussissent quelques grosses prises (affaire du Paradise).
Sinon le documentaire "mega brothel" de Channel 4 comportait un passage sur une association d'aide aux prostituées, à Cologne et Sarrebrück, pas un nid d'abolitionnistes, juste des nanas proposant des portes de sortie professionnelles et du conseil juridique. Mais je n'ai pas noté le nom et je ne retrouve plus la vidéo en ligne. si quelqu'un peut aider ?