Christine . Ou Christiane G , c'est ce qu'elle indiquait sur ses cartes de visite dans les années 80 .
Elle devait avoir 26-27 ans , moi 19 , j'avais repéré son annonce dans France Soir . Les indications au telephone : 200 francs , rue St Denis , un immeuble neuf près la Fontaine des Innocents , uniquement sur rendez vous .
C'était nouveau pour moi ; une pute qui recevait en appart , aujourd'hui ça s'appelle une escorte .
Un canon . Physique surprenant mais un canon : blonde méchée et ondulée , moins d'un mètre soixante cinq , surtout sans les talons aiguilles , de beaux et gros nichons qui tranchaient sur une taille et un corps fin . Fausse maigre .
On pourrait parler d'attitude GFE , sauf qu'elle roulait pas de pelle , d'ailleurs aucun tapin roulait de pelle , à l'époque , les rares qui osaient étaient mises à l'index .
La plupart du temps elle me recevait à poil , je débarquais au deuxième étage , tout de suite une bise ou un calin , elle me donnait des petits surnoms aussi , mon bébé , ma petite flèche ( ça , c'est parce que je balançais la came rapidos , un vrai foireux ) ; elle profitait que j'étais un merdeux , un jour elle m'a même envoyé à la pharmacie du coin lui acheter ses conneries de gonzesse ...
La pinade , ah ça je m'en souviens , comment oublier ... d'abord le bidet et le savon hydralin , puis direct le lit de 140 , elle au dessus , moi dessous , la pipe sans les mains style langue de velours , la branlette espagnole en trimballant un seul nichon le long de ma kéquette , l'enfourchade à cru avec le passage vulve-vagin au ralenti , elle se positionne à son aise , me chevauche lentement de manière à ce que je puisse admirer dans la glace fixée au dessus du plumard les mouvements de son cul , sa fente qui coulisse sur mon zob , dix ou douze aller-retours et game over , à la prochaine , next ...
Plus ca allait plus elle m'impressionnait , son style , son assurance , ses clients célèbres ; un jour elle a même éclaté un type au telephone devant moi , une histoire de ristourne sur une voiture , une fille si douce ... c'est à partir de ce moment là qu'avec elle , j'ai eu du mal à bander ...
Je l'ai vu huit ou neuf fois en tout , les deux dernières une catastrophe , la débandade totale , ça lui cassait le moral en plus alors j'ai cessé de venir , une simple parenthèse ...
Je me suis repointé un an plus tard , bien motivé mais y'avait plus personne , disparue sans laisser d'adresse , j'ai enquêté au troisième étage , sa copine Dolorès mais elles s'étaient fâchées , des années durant j'ai tenté de la retrouver , même après m'être marié , j'ai cru y parvenir rue Orfila , une pré-retraitée du bitume qui tenait un salon de massage : " rue St Denis , au 229 " elle me sort , quoi ? dans la rue ? j'ouvrais des yeux comme des soucoupes , j'y croyais pas trop ...
J'ai bien du la faire cinquante fois , la rue St Denis , avant d'abandonner , évidemment le coup du scotch marron je le connaissais pas , merci Youppie .
Il m'a fallu longtemps avant de franchir le pas , l'eau avait coulé sous les ponts , et si j'affrontais le musée des horreurs ? Allez let's go , on verra bien ...
Ca fait bizarre de repiner quelqu'un trente ans après , un visage bien tapé mais toujours la même allure générale , le même contraste entre son corps fin et ses gros nibards , je retrouve la pipe sans les mains et la branlette à un nichon , l'enfourchade en cow girl . Seule différence : la capote .
J'ai bien fait de pas me présenter , de toute façon avec ma tronche qui barre en couille elle m'a pas reconnu , elle non plus je l'aurais pas reconnu si on s'étaient croisés dans la rue , toutes ces années qui défilent on se rend pas compte de ce qu'on devient , vaut mieux pas d'ailleurs , la vie est une sacrée pute ...