Mi-année 70, parisien je suis au service militaire dans l'est de la France, les trains du dimanche soir sont bondés de bidasses qui rentrent de permission, si vous n’êtes pas en avance inutile de chercher une place assise. Je vais donc m'allonger par terre dans un couloir (le trajet dure toute la nuit avec 2 changements) mais en 1 ere classe où le sol est recouvert de moquette et l'insonorisation meilleure. En effet rien n’interdit à un voyageur de 2e en règle de stationner dans un couloir de 1ere même si le contrôleur tente un coup de bluff. Détail : le manteau d'hiver de la troupe est immense et très long (genre Pervers-pépère), hiver de l'est oblige, et forme une belle couverture le cas échéant.
Un aspirant (sous-lieutenant non professionnel) se met à regarder le paysage à la fenêtre du couloir ... Genre classique chez les aspirants : bon chic, bon genre limite catho-tradi, études forcément sup (donc + âgé qu'un appelé) et tête de premier de la classe et forcément sportif: Il y a un "genre". Une passagère du compartiment le rejoint et la conversation s'engage ... rien d'intéressant au début, je somnole roulé dans mon immense manteau, le visage caché sans aucun doute pour me protéger de la lumière. La femme est banale, peut-être un peu ronde à une époque ou les gens étaient en moyenne plus mince, elle approche la trentaine.
J'ai une nette tendance a une certaine curiosité de concierge voir un peu de voyeurisme, j'assume...
A un moment la femme qui raconte qu'elle rentre de vacances en club dans un pays forcément du sud (nous sommes en plein hiver) dit quelque chose qui fait TILT dans mon esprit. Elle n'est pas contente de son séjour sans vraiment nommer ce qui n'allait pas : ni la bouffe, ni l'hygiène, ni le service, mais un "truc" qu'elle ne nomme pas précisément. Je pige immédiatement: Célibataire en goguette elle ne s'est pas fait sauter ou pas assez ou alors seulement par un désespéré de 5 heures du matin à la boite de nuit du club car trop difficile. Je n'entends pas tout dès que ça roule vite mais ils vont et viennent entre compartiment et couloir ayant visiblement un échange qu'ils veulent hors des autres passagers du compartiment. Puis comme je m'y attendais s'enferment dans les toilettes en passant à coté de moi faussement endormi. Sortie discrète au bout de 5 minutes...l'un après l'autre. A la première grosse gare (Chalon?) la femme descend, comme je suis sensé être réveillé par le bruit je la regarde l'air de rien : elle a un visage extatique et elle dit adieu au beau militaire toute papillonnante : il lui a sauvé ses vacances!