Les massages se terminaient en acte sexuel : la gérante d’un salon rennais devant la justice
La gérante chinoise d’un institut de beauté installé à Rennes (Ille-et-Vilaine) a été condamnée, mardi 22 octobre 2024, pour proxénétisme aggravé.
Le salon de massage donnait sur la rue, en plein cœur de Rennes (Ille-et-Vilaine). Si la carte de l’Institut Zen 917, situé 133, avenue Aristide-Briand, était plutôt classique - épilations, soins avec ventouses, massages… - ses pratiques sont au cœur des débats mardi 22 octobre 2024 au tribunal correctionnel de Rennes. Sa gérante, une femme chinoise de 43 ans, arrivée en France en 2018, comparait pour proxénétisme aggravé, tenue d’un établissement de prostitution et blanchiment du produit de ces délits.
De janvier 2023 à mai 2024, cette femme a géré cet établissement - aujourd’hui en liquidation judiciaire - et employait pour faire des massages, des femmes chinoises, pour certaines en situation irrégulière, selon la présidente du tribunal, Marianne Gil. Elles prodiguaient des massages à une clientèle exclusivement masculine, comme l’ont observé les policiers de Rennes, en surveillance devant l’établissement pour leur enquête.
« Je ne vends pas mon corps, il n’y a pas de rapport sexuel »
Massage japonais, massage thaïlandais, massage tantrique… L’offre proposée par SMS au policier sous couverture lors de l’enquête est sans ambiguïté.
Huit clients interpellés à la sortie de l’institut décrivent, lors de leur audition, des faits similaires. Dans le salon, pas de table de massage mais des matelas au sol. « La masseuse est arrivée, je me suis déshabillé entièrement et le massage a commencé. Vers la fin du massage, elle a dirigé ses mains vers mes parties intimes… », raconte aux policiers, un client qui venait pour la seconde fois. La masseuse proposait ensuite aux clients, contre une somme en espèces, allant de 20 à 40 €, une finition , une masturbation de leurs pénis.
À la barre du tribunal, la gérante qui comparait libre, a le rire nerveux. Elle assure ne pas être au courant des finitions , les masseuses faisaient ça dans mon dos . Et se défend de toute prostitution : Je travaille avec mes mains, je ne vends pas mon corps, il n’y a pas de rapport sexuel.
Pourtant, des annonces assez explicites détaillant le physique des masseuses de l’institut étaient postées sur des sites dédiés à la prostitution. Ces femmes chinoises étaient recrutées chez d’autres gérants de salons similaires, dont deux ont été condamnés ou font l’objet d’enquête pour proxénétisme aggravé dans d’autres régions. Une seule masseuse a été identifiée comme victime et s’est portée partie civile « mais elles seraient beaucoup plus nombreuses », selon le parquet.
La défense dénonce « l’hypocrisie » des magistrats
La gérante est également accusée de blanchir ces revenus : des dépôts d’espèces pour un total de 10 680 € ont été réalisés sur un an. Les enquêteurs ont trouvé, sur place, un sac contenant près de 2 000 €. Le procureur de la République requiert deux ans de prison ferme, « pour lui faire prendre conscience que ces actes ne sont pas anodins ».
Mais l’avocate de la gérante, Pauline Molina, plaide les absences dans ce dossier , et notamment le réseau, qui n’est absolument pas évoqué. Elle interroge le tribunal au sujet du propriétaire officiel de l’établissement, un Français qui n’est pas poursuivi dans cette affaire. Et dénonce enfin « l’hypocrisie » des magistrats qui refusent de donner les noms des clients.
La gérante, en larmes, est finalement condamnée à deux ans d’emprisonnement avec sursis. Elle a l’interdiction d’exercer une profession commerciale ou de diriger une entreprise pendant cinq ans.