Posté par
Piet Vercruise
Zoé
La maison semble abandonnée, mais elle la peinture est trop fraîche pour cela. Les voix féminines qui s’en échappent et les grosses cylindrées françaises qui empruntent le chemin à la gauche me confirme que c’est bien l’endroit.
Je sonne à la porte et quelques secondes plus tard, c’est une petite voix dans la cour en contrebas qui me demande mon nom dans un léger zozotement. Elle est jolie, brune et menue. Elle m’invite à attendre Zoé dans la cour, où je croise des clients. Des braves types comme moi qui viennent se faire presser le chicon. Il y en a un, ç’aurait pu être mon voisin. Comme quoi.
Dans la cour, deux fauteuils en plastique tressé, des mégots, un escalier aux dalles qui se descellent. Les 4 appareils d’air conditionnés flanqués sur le mur et l’état général du lieu me projettent dans un lieu isolé du sud de l’Europe. Je me sens déjà en vacances.
La porte de Zoé s’ouvre, un type en sort, l’air sympathique. Un peignoir enroule son corps (de Zoé, pas du type), des cheveux blonds et un joli minois à la française me sourient.
Elle est belle, ne traine pas l'accent habituel de la région, ni d'une autre, d'ailleurs. Elle est simple.
Elle enchaîne le client. Cela se ressent.
Je ne sens pas ses doigts malgré les effleurements, peu son corps malgré qu’il ondule sur mon dos, pas ses pieds, lointains, (elle évite de toucher les miens, peut-être que simplement, elle n’aime pas ça...)
Côté pile, même histoire.
Elle veut faire ça bien, elle fait ça bien, mais trop bien, trop à la chaine. C'est le fast-food du tantra.
Elle me perd complètement quand je vois ses yeux se poser rapidement sur l'horloge.
L'huile chaude, remède miracle, coule à flot sur mes parties, je me décharge. Elle attends quelques secondes.
Après une douche chaude, me voilà dehors.
Je me suis senti si loin du tantra que je me suis dis, sur le chemin du retour: "plus jamais".