Samedi 25 mai. Visite n°4 au Paradise.
J'ai garé ma voiture sur le parking du Paradise vers quinze heures, quinze heures trente. C'est la première fois que je m'aventure à Saarbrücken, seul. Mon compagnon de virée a annulé notre sortie et me voilà, ici, à fermer ma portière avant parce que je veux être un homme qui respecte ses promesses. La promesse faite à Sarita, de passer fin mai, afin de lui souhaiter son anniversaire.
Je descend vers l'entrée du club en essayant de ne pas me faire poursuivre par les rayons d'un soleil qui tape fort. Le parking du bas est plein et quelques effluves salées émanent du jardin. Aujourd'hui est synonyme d'ouverture de l'espace extérieur. Je rentre et ne peux m'empêcher de sourire en voyant que - comme lors de la fête de Noël - une roue trône à côté de l'accueil. Je salue l'hôtesse (une agréable quinquagénaire s'exprimant en français mais dont, malheureusement, je ne connais pas le prénom) et m'empresse de gagner un bon pour un "Massage" avant de récupérer mes affaires d'ourson blanc (bleu en l’occurrence). Petit à petit, j'ai le sentiment de trouver mes habitudes. C'est ma quatrième visite depuis le 14 juillet dernier et j'arrive, maintenant, à me situer dans le club : je sais trouver le chemin du restaurant, du bar, de la télévision qui, ce soir, diffusera la finale de la coupe d'Allemagne opposant le Bayer Leverkusen au FC Kaiserslautern.
Je me change en essayant de ranger - au mieux - mes affaires dans le casier n°50. Je prends deux douches de manière successive avant de me diriger vers le barbecue. J'ai faim et la vue de toutes ces jeunes femmes en maillot de bain m'a donné l'appétit. Je me sers quelques cuillerées de tomate-mozzarella (quatre ou cinq si ma mémoire est bonne) et commande un cheeseburger au chef cuisinier. Ce dernier, affable et plutôt sympathique, me demande mon assiette environ cinq minutes après. Je m’assoies à côté d'un type qui, deux-trois minutes avant, parlait français avec son collègue. Je lança la conversation et nous discutâmes pendant de longues minutes. Je lui expliqua, un peu, le fonctionnement du club, le rapport que nous - hommes - pouvons avoir les femmes, le rapport que elles - femmes - peuvent avoir avec nous, hommes. Les longues minutes en auront duré 45. Après un petit tour par le vestiaire, je me dirige au bar. Katharina - la fille de la patronne - est toujours aussi sublime. Je me perds dans son regard avant de lui demander deux choses :
- Pourrais-je avoir un verre d'eau s'il vous plaît ?
- Est-ce que Sarita est là ?
(en allemand, bien sûr)
Katharina, avec un sourire des plus délicieux, me répond par l'affirmative. Sarita, maillot de bain noir et rouge à lèvres vermeil, vient vers moi en me prenant dans les bras. Elle m'invite à m'installer à une table, je la suis. Nous discutons un peu. Oh, de pas grand-chose, mais c'est suffisant pour entretenir ma pratique de la langue de Ernst Jünger. Ainsi, je lui souhaite son anniversaire (en lui chuchotant que j'ai un présent pour elle), prends de ses nouvelles, caresse ses mains en l'embrassant - de temps à autre - dans la nuque. Ravi de me revoir (c'est l'impression que je m'en fais en tout cas), nous filons dans une des nombreuses chambres inoccupées du premier étage.
Je l'aide à faire le lit (en réalité, mettre un linge blanc sur un lit King Size) et prends un plaisir fou à la regarder se déshabiller. Je la dévore du regard avant de la dévorer, tout court, une fois - tous les deux - sur le drap blanchâtre. Il fait chaud et la tendresse de nos retrouvailles me donne envie d'elle. Je la caresse partout, je l'embrasse partout, je la désire partout. Nos ébats sont des plus romantiques. Le missionnaire est maîtrisé, les quelques autres positions qui suivent, également. Las, je dois me finir pendant une bonne quinzaine de minutes à la main pour lui donner mon orgasme. Le coït arrivé, je me sens tout penaud, tout frêle. J'ai honte de ne pas avoir réussi à l'honorer plus tôt et d'avoir dû batailler contre moi-même pendant de si longs instants. Elle ne m'en tiendra pas rigueur.
La session terminée, je décide de reprendre de nombreuses forces à l'extérieur. En commandant mon deuxième cheeseburger de la journée, je sympathise avec deux français (un breton exilé en Alsace et un vosgien insatiable). L'un des deux (le vosgien insatiable), ne pouvant résister à l'appel de la chair, s'éclipsant assez rapidement après mon arrivée. En tête à tête avec le breton exilé en Alsace, nous discutons, mangeons et regardons la finale de coupe d'Allemagne opposant le Bayer Leverkusen au FC Kaiserslautern. L'échange - tour à tour limpide et pertinent - se prolongera autour d'une glace goût pomme.
De retour au bar, j'observe, scrute, zieute un peu partout. Giorgiana me salue et nous parlons un peu. Exténué par la session précédente et conscient de mes facultés sportives, je décline - poliment - son invitation à la suivre ( une prochaine fois, sans doute). En fait, j'ai passé un temps fou - assis sur un canapé - à échanger avec mes compagnons du jour. Sans plus regarder les filles, je souris, bois du sans alcool (est-ce vraiment boire ?) et profite de l'instant présent. Profiter de l'instant présent, voilà ce qui devrait être la devise de ces journées en FKK.
La nuit tombant peu à peu, le "Paradise" se transforme en discothèque. C'est à cet instant-ci que j'en profite pour suivre à nouveau Sarita pour une session d'une heure. Après avoir discuté et passé ma main dans ses cheveux, nous revoilà nus dans une chambre attenante au restaurant. Il fait chaud et ma "dulcinée" ouvre la fenêtre. Je n'ai jamais été aussi heureux qu'en l'embrassant et en l'écoutant me parler avec un accent que je ne comprends pas toujours. La chambre est relativement insonorisée et je n'entends pas les enchaînements d'un DJ aux cheveux péroxydés. À l'instant même où Sarita et moi ne faisons plus qu'un, deux jeunes strip-teaseuses s'amusent sur une barre de pole-dance. Nos ébats sont langoureux, romantiques. Plus excité encore qu'il y a quelques heures, j'alterne le rythme en me basant sur sa respiration haletante, ses quelques gémissements qui - de temps en temps - se font un peu plus fort. Je continue sur ma lancée comme si, de manière inconsciente ou non, je devais me prouver que jouir en elle serait la plus belle des preuves d'affection. Las, je sens que ça ne veut pas. Ni avec un préservatif rouge, ni avec une main droite bourrée de gel. La deuxième - et dernière session d'une heure - se concluera sans coït. Sine coïtum animal triste.
Je bois quelques verres d'eau et discute avec le camarade Snoopy avant de partir vers 1h30 du matin. La route sera un peu longue et je sentirai passer le Sarreguemines - Strasbourg. Il est environ 3h30 lorsque je tourne la clé de chez moi. J'ai des souvenirs pleins la tête et l'envie, inlassable, d'y retourner. Si un ourson blanc ça trempe énormément, alors nous irons tous au Paradise.