Petit frisson exhibitionniste - Opus 2
Balade à bicyclette
Je suis en vélo. Je parcours un de mes itinéraires préférés. Au bas des collines, près du petit lac. Il fait beau. Il fait chaud. Nous sommes à la fin du mois de mai 2024. Je suis en jupette, en T-shirt. J'ai mon petit sac à dos. Je longe les eaux noires qui reflètent un ciel d'un bleu immaculé. J'arrive près du restaurant "Pieds dans l'eau". C'est un établissement construit sur pilotis. Il y a une terrasse. Plein de monde. Sans doute des randonneurs. Je ne m'arrête pas. J'ai ma bouteille d'eau. Ma pomme.
Je passe près du parking, à environ deux kilomètres du restaurant. Il y a plein de marcheurs. Je suis obligée d'être prudente, de louvoyer. Certains promeneurs me regardent avec un air de reproche. C''est un sentier pédestre et pas une piste cyclable. Je continue mon chemin. Il est presque 16 h. J'arrive au bord de la rivière qui se jette dans le lac. De l'autre côté, il y a un homme qui tient un chien au bout d'une laisse. Il ne m'a pas vu. Il semble téléphoner en marchant. J'ai envie de faire pipi.
Mes tendances exhibitionnistes trouvent là une charmante opportunité. L'envie d'être vue, d'être regardée. De me savoir protégée par une rivière profonde et large d'une bonne dizaine de mètres. L'occasion est trop belle. Je m'arrête un peu plus loin. Je m'assure d'être bien seule. Je scrute avec ma petite paire de jumelles. Personne. Je retire ma culotte. Je me mets en position. Là-bas, à environ cent mètres, voilà le quidam et son chien. Je retiens mon souffle. J'essaie de me détendre. Je tente la "normalité". En souriant.
Il arrive à ma hauteur. Ça y est. Il m'a vu. Il s'arrête. Il m'observe. Une vingtaine de mètres nous séparent. Les eaux de la rivière sont tumultueuses, bruyantes. Il serait tout à fait impossible d'échanger quelques mots. J'ai mes cheveux défaits. Je porte mes larges lunettes noires de soleil. Je suis ainsi totalement dissimulée derrière mon parfait anonymat. J'essaie de me lâcher. Je ne suis pas encore trop excitée. Ça devrait aller. Je me sens devenir toute rouge. La sueur me picote le nez et les joues. La honte. Délicieuse...
Impossible de faire mon besoin. Pourtant j'en ai envie. Je rate à chaque fois mon coup. Le manque d'expérience. C'est frustrant. L'inconnu est toujours là, tirant parfois sur la laisse de son chien. Il regarde franchement dans ma direction. Aucune possibilité de traverser la rivière. La situation parfaite. Celle que je recherche et que je préfère. Je reste dans ma position de plus en plus inconfortable. Je sens les fourmis me monter dans les jambes. L'ankylose me gagne. Je me redresse. Frustrée de n'avoir pas fait pipi. Mais je me console, j'ai été regardée. Ce que j'apprécie énormément quand je le décide.
Je monte sur mon vélo. L'homme me fait un signe amical de la main. Je fais pareil. J'accélère et je file pour retourner vers le restaurant. La piste cyclable...
Le vieux peintre
Il fait beau. Je continue mon escapade. Ce mardi après-midi je n'ai pas cours. D'ici une semaine commencent les épreuves du baccalauréat. Je profite donc de cette journée pour m'offrir une virée à bicyclette. Je pédale d'un bon rythme sur la piste cyclable qui mène aux étangs. J'arrive à proximité du cabanon appartenant à l'association de pêche. Il est aux environs de 15 h30. Il y a plein de gens attablés. Je prends le sentier sur la droite. Il contourne les étangs par l'amas rocheux.
Il n'y a personne. Je traverse le vieux pont en rondins. J'arrive près de l'enclos des chèvres. Il y a des vaches dans le pré. Je longe le ruisseau. Ses eaux se jettent dans le lac, là-bas, plus loin, à cinq cent mètres. Au printemps ce ruisseau est une véritable rivière. Je marche en poussant mon vélo. Je veux m'enivrer de ce paysage enchanteur. Soudain, là, à quelques dizaine de mètres, il y a un monsieur assis devant un chevalet. Je reste à distance et silencieuse.
C'est un vieux monsieur comme dans les gravures anciennes. Il est installé dans une chaise pliante. Il peint. C'est une toile. Il tient une palette et des pinceaux. Il porte un chapeau de paille, une chemise longue. Il est certainement en short. Chaussé de sandalettes, il paraît totalement absorbé dans sa peinture. De l'endroit où je me trouve, je ne vois rien de son tableau. Silencieusement, je passe derrière le muret que je longe jusqu'à me retrouver derrière lui, à une dizaine de mètres. Je regarde.
Le vieil homme peint le paysage. Une partie de l'étang, les saules pleureurs, le ponton avec les deux barques. Je suis subjuguée pas la scène. C'est un peu comme si j'étais dans l'ancien temps. C'est la toute première fois de ma vie que j'assiste à ça. Un grand moment. Soudain, j'ai comme une idée que je cherche d'abord à faire fuir de ma tête. Pourtant, cette idée revient encore et encore. Elle se transforme d'abords en envie avant de devenir un désir. Puis une obsession.
Je longe le muret pour revenir à ma bicyclette que je tourne. Je peux l'enfourcher à tout moment pour me sauver. Je reste sur le sentier au bord de l'eau. J'arrive aux saules dont les branches pendent juste au-dessus de l'onde. Je relève ma jupette. Je retire ma culotte. Je respire un grand coup. Je fais appel à tout mon courage . Je défais mes cheveux. Je remets mes lunettes de soleil. Noires et larges. À nouveau parfaitement anonyme. Je m'avance.
Le peintre est à une vingtaine de mètres. Il me découvre soudain. Accroupie face à lui, tête baissée, je peut loucher derrière les verres fumées de mes lunettes. Je fais semblant de ne pas me rendre compte de sa présence. Je sens la sueur qui picote le bout de mon nez, mes joues, mon front. Je dois être toute rouge. Morte de honte. Mais c'est cette sensation de honte qui m'excite par dessus tout. Humiliation désirée. Le vieil homme ne bouge pas. Il a posé sa palette sur ses genoux. Il m'observe.
J'aimerai bien me lâcher. Je dois faire pipi. Je me retiens souvent en balade. Toujours à l'affut d'une opportunité d'être vue. D'être regardée. Je suis rapidement tellement excitée qu'il m'est impossible de faire mon besoin. Je tente bien de me concentrer. De m'imaginer avec les pieds dans l'eau froide. Rien à faire. Blocage. Le peintre m'observe. Il est immobile. Je reste ainsi quelques minutes. Il me faut surmonter toutes mes inhibitions. Cela m'excite au plus haut point.
Je pourrai me toucher tellement c'est bon. Je n'ose pas encore le faire. Ce seront mes prochaines expériences. Je me redresse. Toujours en faisant mine de ne pas me savoir observée. Je file. Le vieil homme a repris sa peinture. J'ai comme une décharge électrique qui parcourt tout mon corps. Je me touche un peu devant mon vélo. J'y retourne. Je me remets dans la même position. C'est trop bon. C'est trop bien. Hélas, impossible de faire pipi. Ce qui est un peu frustrant. J'enrage. C'est encore meilleur. Je m'en rends compte après coup.
Le vieil homme reste d'un calme olympien. Certainement son âge. Je me dis qu'il va peut-être me peindre dans le paysage. Immortaliser cette apparition. Des voix. J'ai juste le temps de me redresser. Ce sont deux femmes qui se promènent. Elles se mettent à bavarder avec l'artiste. Je remets ma culotte. J'ai tout le bas ventre qui me brûle. J'ai envie de me masturber. Je monte sur mon vélo. Je connais un lieu isolé où je pourrai me satisfaire. Que la vie est belle…