Prostitution colombienne à Wolkrange et à Signeulx
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MESSANCY-MUSSON - TRIBUNAL CORRECTIONNEL
La presse colombienne a fait ses choux gras au sujet de filles séquestrées au Butterfly de Signeulx. Des sommes colossales sont en jeu.
CHRISTIAN VAN HERCK
Longue audience de plus de deux heures ce mercredi matin au tribunal correctionnel d’Arlon dans le cadre de deux dossiers de prostitution. Il est reproché, à une dame colombienne de 50 ans, maman de quatre enfants dont deux petites jumelles, d’avoir exploité comme gérante deux maisons de débauche, la première au "Safari" au centre de Wolkrange (Messancy), mais aussi pour un établissement similaire situé à Signeulx (Musson), le "Butterfly".
Elle est poursuivie pour, entre autres, traite d’êtres humains, blanchiment d’argent et fraude informatique.
Dans le cadre du Safari, le substitut du procureur du roi, Julien Docquier, a requis 18 mois de prison, 56 000€ d’amende et une confiscation de 578 000€ de confiscation par équivalence.
Pour le Butterfly, il réclame 4 ans d’emprisonnement, éventuellement avec sursis (la prévenue a été incarcérée pendant un an en détention préventive, dont 7 mois sous surveillance électronique, sa maison d’Arlon et sa voiture ont été saisies) et 210 000€ d’amende. "Madame se présente comme une personne bienveillante, qui a cherché à aider des compatriotes en situation précaire, déplore M. Docquier, mais en réalité, elle a cherché à se faire beaucoup d’argent et on sait qu’il y en a beaucoup dans ce type d’activité".
Pour la défense, l’avocat Laurent Kennes, fort de son expérience dans plusieurs dossiers très médiatisés, et sa collaboratrice Ophélie Monhonval sont descendus de Bruxelles et ont plaidé longuement pour présenter ce type de prostitution comme généralement toléré. Selon eux, les employées sud-américaines de la prévenue se considéraient comme consentantes et heureuses de leurs conditions de travail (il y a en Colombie, proportionnellement à la population, trois fois plus de prostituées qu’en Belgique).
La prostitution y est mieux acceptée, mais les travailleuses du sexe exercent leur métier dans des conditions précaires et pénibles. Me Kennes considère que dans le cas du dossier du Safari, il n’y a pas de traite d’êtres humains, mais juste de la prostitution et que, par conséquent, le blanchiment d’argent ne peut pas être retenu.
La presse colombienne fait ses choux gras de l’affaire de Signeulx
Dans le cadre du Butterfly, l’affaire de la prévenue est plus grave. Le dossier a débarqué en 2024 quand l’ambassade de Colombie a demandé aux autorités belges d’enquêter sur la séquestration de plusieurs de ses ressortissantes à Signeulx, dans l’établissement géré par la prévenue. La presse colombienne en a fait ses choux gras en ameutant l’opinion publique de son pays, mais les perquisitions et l’enquête, si elles ont confirmé le proxénétisme, ont écarté toute maltraitance grave ou séquestration.
Le parquet a ajouté des préventions d’association de malfaiteurs et de perception d’avantages anormaux. Plusieurs autres personnes sont poursuivies, dont un homme de paille qui s’occupait du recrutement à Cali (ouest de la Colombie) et qui aurait menacé une des filles qui ne travaillait pas assez à son goût: "Si je t’ai amenée ici, c’est pour que tu fasses la pute et que cela me rapporte de l’argent". Autre personne poursuivie, un ressortissant belge qui s’est fait passer frauduleusement pour avocat et comptable et qui était chargé de la partie administrative et comptable tout aussi irrégulière que les titres dont il s’était affublé. Pour le dossier de Signeulx, Me Monhonval a demandé au juge Nazé de tenir compte d’un contexte particulier où sa cliente n’a exercé ni contrainte ni volonté de terroriser les filles de son équipe.
Les avocats ont demandé de la condamner à une peine de travail pour lui éviter la prison et un large sursis pour les peines d’amende. Le jugement sera prononcé le 10 décembre


