Toujours cette culture du chiffre et du résultat, ils fixent des objectifs bidons, il faut constater tant d'infractions, dresser tant de PV ....
DES "NETTOYEURS DE TROTTOIR "EN CORRECTIONNELLE
(Hebdomadaire MARIANNE N° 556 édition du 15 au 21 décembre 2007)
Le client d’une prostituée n’est pas forcément on goujat. Sommé par des policiers de la brigade « Charlie 17 » - l’unité chargée de nettoyer des dames de petite vertu les trottoirs du très chic 17ème arrondissement parisien de Françoise de Panafieu -, C…, restaurateur de son état, a refusé d’avaliser un procès-verbal d’intervention accusant sa partenaire d’un soir de racolage. Dans ce document à charge datant de 2006, les policiers affirmaient que la jeune femme l’avait aguiché en lui faisant un signe du bras. Or, l’aubergiste certifie qu’il ramenait la jeune femme dans son véhicule, après un rapport sexuel à son domicile. Le différend a déclenché une enquête de l’IGS, l’Inspection Générale des Services. Devant les « bœuf-carottes », les jeunes policiers ont avoué comment, à coups de copier-coller et de formules types, ils faisaient évoluer leurs PV en fonction des desiderata de leur hiérarchie et du Parquet. « On changeait par rapport à ce qui s’était réellement passé pour rester logique », a déclaré l’un d’eux.
En droit, un client de prostituée ne commet aucun délit. Les policiers, pour s’assurer de sa « collaboration », lui annonçaient donc qu’il serait « ramené » au service, qu’on ne savait pas combien de temps ça prendrait et que sa femme allait être avertie. Des « précisions » censées faciliter la « relation de confiance » (sic) ! Pour avoir participé à cette « police d’abattage » afin de remplir les objectifs fixés par leur hiérarchie avant les municipales, quatre jeunes flics déferrés en correctionnelle encourent, le 18 décembre, de lourdes sanctions pour « faux en écriture publique. » A la barre, leur commandant, ému a plaidé leur cause : « Je serais pétrifié qu’ils soient condamnés. Ils sont d’une rigueur professionnelle, vous n’imaginez pas ! »