Deux “ entrepreneurs ” lillois gérant un bar à hôtesses à Wevelgem ont été interpellés la semaine dernière par la Sûreté départementale du Nord. Ils recrutaient des prostituées par le moyen de petites annoncés diffusées sur le web.
BRUNO RENOUL
La prostitution a beau être tolérée en Belgique lorsqu’elle se pratique dans des bars à hôtesses, la police du Nord de la France reste très vigilante lorsque cette activité a des ramifications en France.
La semaine dernière, trois dirigeants – dont deux Nordistes – du Cindy, un établissement de ce type basé à Wevelgem, ont été placés en garde à vue à l’hôtel de police de Lille.
Les forces de l’ordre avaient été avisées à l’automne que ce “ club ” avait été repris par une Ivoirienne installée à Nieppe, et un homme d’affaires originaire de l’Aisne. L’ancienne propriétaire, une Italienne installée en Belgique, avait gardé un petit pourcentage sur les bénéfices de l’établissement.
Jusqu’ici, rien d’illégal. Sauf que le bar est soupçonné d’avoir recruté des dizaines de prostituées en France, par le moyen de petites annonces diffusées sur des sites web français. Informée de cet état de fait, la Sûreté départementale du Nord a enquêté et établi que des “ hôtesses ” âgées pour la plupart de moins de 25 ans, et essentiellement embauchées par ce biais à Lille, Roubaix, Tourcoing et Armentières, s’étaient bien prostituées dans l’établissement. Et que le duo résidant en France en avait dégagé des bénéfices substantiels: “ Ils résident tous deux dans de luxueuses propriétés dans la métropole lilloise et mènent un grand train de vie ”, confie une source proche de l’enquête.
Autant d’éléments constitutifs du délit de proxénétisme aggravé, selon le Parquet. “ Les suspects vivent en France, recrutent en France et utilisent les produits de leur activité en France, il est donc logique qu’ils soient poursuivis en France ”, détaille Ludovic Duprey, procureur de la République d’Hazebrouck.
Les deux principaux dirigeants du Cindy seront donc jugés en juin au tribunal correctionnel d’Hazebrouck. L’Italienne, qui demeure en Belgique, a été remise en liberté et ne sera pas poursuivie.