De l'autre côté des néons de la prostitution
Le photographe Frédéric Pauwels s’est fait le témoin du quotidien des prostituées. Une histoire qu’il raconte dans «L’envers du décor» une expo pudique qui bouscule les préjugés au Musée de la photographie de Charleroi.
De la prostitution, on a l’image des néons et des rideaux. Ce qui se passe derrière, c’est l’inconnue, le fantasme. Le photographe Frédéric Pauwels a voulu démystifier la prostitution, pour d’abord donner la parole à ces femmes : «Quand il y a des débats politiques ou abolitionnistes, il manque toujours les actrices principales qui ne sont pas entendues», dit-il.
Après un travail long et patient, il a réussi à se faire accepter, gagner leur confiance.
Ce qu’il a découvert dans le quotidien de la prostitution est loin de l’image qu’on s’en fait au travers des médias : «On parle souvent de victimes la traite des êtres humains, de proxénétisme, résume Frédéric Pauwels, c’est sûr qu’il y en a, mais ce n’est pas la majorité. Les femmes me disent «on ne se reconnaît pas dans le discours des médias». Parce qu’elles ont chacune leur raison. Beaucoup l’ont choisi, beaucoup aussi sont tombées dedans par nécessité, il y en a aussi qui le font par plaisir et qui me disent «pour moi c’est un fantasme».
Derrière les vitrines, les portes des chambres d’hôtel ou sur les trottoirs, c’est la tendresse. Beaucoup de tendresse. «Certaines m’ont dit «je répare les hommes». Le temps de parole est très important. D’autres ont des clients fidèles depuis plusieurs années, ils se serrent dans les bras, parlent, prennent un café…»
Le photographe, membre du collectif engagé HUMA expose des photos intimes, pudiques, mais très fortes à la fois, qui racontent toutes une histoire. Des pieds aux ongles vernis sur un trottoir, des jambes croisées dans un décor éclairé de rose, un dos, un couple qui s’enlace… «Je ne veux ni défendre la prostitution ni l’interdire. Je suis juste un témoin neutre, je préfère que chacun vienne se faire sa propre opinion.»
«L’envers du décor», expo à voir au Musée de la photographie de Charleroi jusqu’en septembre.
http://www.lavenir.net/article/detai...MF20130625_021